Michèle Tabarot fait le bilan de la législature écoulée à l’Assemblée nationale sous la présidence d’Emmanuel Macron. Candidate à sa réélection pour la 9ème circonscription des Alpes-Maritimes, l’élue LR revient sur son travail au Parlement. Cette routarde de la politique, tête bien connue des électeurs maralpins, remettra son mandat en jeu en juin prochain.
Vingt ans de députation et toujours la même détermination. Michèle TABAROT repart au combat pour les Législatives dans la 9ème circonscription. Toujours sous la bannière LR, à l’heure où d’autres personnalités de Droite du département ont préféré rallier d’autres Horizons macronistes. Malgré la débâcle de Valérie Pécresse à la Présidentielle et la menace RN sur son territoire, l’élue cannettane entend repousser l’adversité en juin prochain. Elle s’en explique…
Quel regard portez-vous sur le bilan de cette législature sous l’ère Macron ?
Son bilan, c’est beaucoup de bruit pour très peu de réformes avec des renoncements emblématiques comme pour la réforme des retraites qui a été abandonnée. C’est aussi le règne de l’affichage avec des grandes déclarations et après plus rien. Nous l’avons vu avec le discours des Mureaux : le projet de loi sur les séparatismes ne désignait même plus l’islamisme politique comme ennemi de la France.
Il y a aussi eu de l’arrogance. D’abord envers les oppositions. Si le gouvernement nous avait respectés, nous aurions évité des difficultés. Sur les gilets jaunes par exemple, en nous écoutant, le Gouvernement aurait renoncé à la hausse des taxes sur l’essence dès le début. C’est la même chose pour les collectivités locales qu’il a méprisées et maltraitées alors qu’elles sont des relais essentiels de l’action publique. Sans elles, la bataille contre la pandémie aurait été perdue. Au final, tout cela a conduit à beaucoup de déception et à la montée des extrêmes et de l’abstention à l’issue du mandat.
Ce bilan, c’est beaucoup de bruit pour très peu de réformes avec des renoncements emblématiques… |
Le nouveau monde macronien a-t-il eu raison des traditions parlementaires de la Ve République ?
À vrai dire, je n’ai pas vu de « nouveau monde » mais plutôt la poursuite des vieilles pratiques : le recours aux ordonnances, les restrictions au droit d’amendement, le rejet des initiatives parlementaires… La plus grande difficulté sur ce mandat ça a été le manque de considération pour le Parlement. Les Députés, c’est le lien avec le peuple. C’est dommage de ne pas en profiter au lieu d’imposer des textes conseillés par des cabinets privés et écrit par des bureaucrates. L’Assemblée nationale a trop souvent été une simple chambre d’enregistrement.
Cela n’a pas empêché les oppositions de contrôler l’action du gouvernement même si, là aussi, les Ministres n’ont pas montré un très grand respect non plus pour les travaux des commissions d’enquêtes. J’ai le sentiment que même pour la majorité ça a été difficile. On ne lui a pas laissé beaucoup d’initiatives et la plupart des propositions adoptées sont finalement celles que le Gouvernement a remis « clés en mains » à ses Députés. Je crois aux valeurs et à la détermination en politique pas au « en même temps ». Vouloir en permanence contenter tout le monde conduit à l’immobilisme.
Quel est le bilan de votre activité parlementaire en circonscription ?
Je n’ai pas changé ma façon de faire. Avec les élus locaux nous avons pris les dossiers à bras-le-corps et je suis allé dans les Ministères régulièrement pour défendre nos intérêts. C’est ainsi que nous avons obtenu plus de 6 millions d’euros d’aides pour la modernisation de l’hôpital de Grasse ou la sauvegarde du TGI de Grasse. C’est aussi comme cela que l’on va enfin pouvoir avancer sur le dossier des nuisances aériennes de l’aéroport de Cannes/Mandelieu.
Quels ont été vos liens avec vos collègues Marcheurs sur le terrain ?
S’agissant des parlementaires LaRem des Alpes-Maritimes, j’ai peu de relations avec eux. En revanche, j’ai eu l’occasion de travailler avec des Députés « Marcheurs » à l’Assemblée nationale, dans une démarche constructive, sur des rapports d’informations, pour faire des propositions intéressantes sur le contrôle des exportations d’armes, les coopérations de défense, la zone euro, les espèces menacées…
Emmanuel Macron a été réélu pour un mandat de plus. Que redoutez-vous sur l’exercice parlementaire à venir ?
Je crains que le Président ne s’enferre encore plus dans l’exercice solitaire du pouvoir. Sincèrement, quand j’entends un Ministre expliquer, dès le lendemain de l’élection, qu’il faudra peut-être recourir au 49-3 pour la réforme des retraites, cela en dit long sur la manière dont ils veulent gouverner.
On ne peut pas non plus continuer la fuite en avant sur la dette. Rendez-vous compte que depuis l’été 2021, l’Exécutif a fait plus de 40 annonces de dépenses qui vont couter 50 milliards d’euros sans autre piste de financement que l’aggravation de notre endettement.
Voilà pourquoi la France a besoin d’une opposition constructive et structurée capable de soutenir les bonnes réformes mais aussi de s’opposer aux mauvais choix du Chef de l’État pour qu’il y renonce. Il faut avoir à l’Assemblée nationale des Députés enracinés capables de faire remonter à Paris le pouls des territoires.
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Entretien par Maxime COUPEAU (Publié le 7 mai 2022 à 19h41)
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