Auteur de trois rapports parlementaires successifs sur les exportations d’armements, la coopération structurée permanente et le budget de la défense, Michèle TABAROT s’inquiète du retard accumulé par l’Union Européenne et souligne l’urgence d’actes concrets pour renforcer l’Europe de la Défense.
La guerre est de retour en Europe. En ces instants tragiques nous sommes solidaires du peuple ukrainien qui se bat pour défendre sa souveraineté.
Ces heures sombres sont un cruel rappel à l’ordre pour l’Europe.
Aujourd'hui la procrastination et la naïveté ne sont plus de mises car il en va de notre avenir !
Les États-Unis et l’OTAN nous ont pourtant alerté bien des fois sur le besoin de renforcer les capacités de défense européennes face au risque d’un conflit à haute intensité.
Le décalage est édifiant. Pendant que la guerre frappe notre continent, l’Union Européenne en est à peine à l’exercice de la « boussole stratégique ».
C’est-à-dire que les États membres s’interrogent encore sur les menaces qui pèsent sur notre continent alors qu’elles sont désormais bien réelles et se déroulent devant nos yeux.
Nous ne pouvons plus être les cigales face aux fourmis. La procrastination et la naïveté ne sont plus de mises. Nous devons agir. Il en va de notre avenir.
Sur la question des moyens tout d’abord, de nombreux pays européens, dont l’Allemagne, ne tiennent pas leur engagement envers l’OTAN de consacrer au moins 2% de leur PIB à leur « défense ». S’ils se demandaient pourquoi un tel effort était nécessaire, ils ont désormais la réponse. C’est bien le prix de nos libertés.
L’Union Européenne aussi est en retard sur les moyens. Le très attendu Fonds Européen de Défense (FED), qui doit accompagner les grands projets industriels, est à peine engagé et il ne sera doté seulement de 7 milliards d’euros au lieu des 11 milliards attendus.
Nombre de pays européens ne tiennent pas leur engagement de consacrer au moins 2% de leur PIB à leur « Défense » et se demandaient pourquoi un tel effort était nécessaire. Ils ont désormais la réponse : c’est le prix de nos libertés ! |
La France elle-même a défini une trajectoire ambitieuse avec la loi de programmation militaire mais elle ne tient pas ses objectifs en matière d’équipements. A l’horizon 2025, nous aurons moins de « Rafale », moins de blindés et sans doute moins de frégates que ce qui était programmé pour notre protection. Malgré cela, le gouvernement s’est refusé à confirmer de nouvelles commandes. C’est une lourde erreur.
Sur les projets aussi, les difficultés sont immenses. Depuis des années, on parle du système de combat aérien et du char du futur qui sont au point mort faute d’ententes politiques et industrielles. Des dizaines de projets communs n’avancent plus comme nous le voyons au sein de la fameuse Coopération Structurée Permanente (CSP) censée pourtant permettre aux européens de répondre aux défis capacitaires.
« L'Europe de la Défense » : pour une plus grande capacité à se protéger elle-même !
Cet immobilisme et ce manque d’ambition sont mortifères pour l’Union Européenne qui doit désormais porter une grande ambition pour sa « défense ». L’Europe doit ainsi retrouver toute sa place au sein de l’OTAN et avoir une plus grande capacité à se défendre elle-même avec le soutien de ses alliés.
L’objectif d’autonomie stratégique est sans doute lointain mais il doit être résolument poursuivi pour une Europe forte au sein d’une alliance atlantique forte.
Le Chef de l’État a commis une grosse erreur en parlant de l’état de mort cérébrale de l’OTAN car sa force est aujourd’hui notre seul bouclier. Un sommet entre l’OTAN et l’UE est impératif pour définir de nouveaux engagements essentiels afin de renouer avec la capacité de défendre notre « Vieux continent ».