Discours inaugural de l'exposition par Michèle Tabarot
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse de vous accueillir pour ce nouveau temps fort de la vie du Musée Bonnard. Le Musée d’Orsay nous permet aujourd’hui de présenter une grande exposition « Bonnard – Vuillard ». C’est une grande fierté. J’en remercie une nouvelle fois très sincèrement Madame Laurence Des Cars, la Présidente du Musée d’Orsay. Vous êtes l’une des plus grandes spécialistes française de l’art du 19ème siècle. Nous sommes honorés de votre présence et du soutien renouvelé de votre institution. Il est déterminant dans le succès du Musée Bonnard. Je tiens d’ailleurs à remercier aussi votre prédécesseur, Monsieur Guy COGEVAL. Il a considérablement enrichi les collections nationales. Sa confiance nous a été très précieuse. Nous lui souhaitons pleine réussite dans ses nouvelles fonctions à la tête du Centre d’études sur les nabis.
Madame la Présidente,
Vous avez récemment affirmé votre volonté de développer les partenariats avec les Musées de Région. Vous poursuivez ainsi le bel objectif de soutenir la décentralisation de la Culture. Nous vous en remercions. Cette exposition en est une très belle illustration. Elle nous permet de présenter les œuvres rarement vues de l’exceptionnelle donation Marcie-Rivière. Elle fait partie des libéralités les plus importantes de l’histoire des collections publiques françaises :
- 25 tableaux et une centaine de dessins de Bonnard
- 24 tableaux, des pastels et des dessins de Vuillard
Des œuvres remarquables, notamment de leur période Nabi. Elles ont été exposées à Orsay avec un grand succès populaire durant 4 mois. C’est un privilège de pouvoir accueillir ces œuvres à notre tour. Nous pouvons ainsi rendre un hommage appuyé à Zeineb et Jean-Pierre Marcie-Rivière, de grands mécènes qui ont tant fait pour l’œuvre de Bonnard et de son ami Vuillard.
150ème anniversaire de la naissance de Pierre Bonnard
Cette grande exposition se déroule dans un moment important pour le souvenir de Pierre BONNARD. L’année 2017 marque en effet le 150ème anniversaire de sa naissance. Nous voulions un évènement exceptionnel pour marquer ces commémorations nationales. C’est la chance qui nous est donnée aujourd’hui avec cet accrochage qui met en valeur l’œuvre de Pierre Bonnard et d’Edouard Vuillard.
Ces deux grands artistes entretenaient une relation unique. Ils partageaient bien plus qu’une passion. Dans leurs jeunes années, ils avaient un attrait commun pour les scènes de la vie Parisienne. Ils partageaient aussi les styles et les modèles. Mais, plus que tout cela, ils étaient surtout de grands amis. Leur correspondance a été nourrie, tout au long de leurs vies. Ainsi, en 1940, Edouard Vuillard assurait à Pierre Bonnard :
Si je vous écrivais à chaque fois que je pense à vous, à notre passé, à la peinture... vous auriez une bibliothèque à compulser…
Cette relation singulière entre Pierre Bonnard et Edouard Vuillard…
Lors de l’inauguration du Musée Bonnard je rappelais une histoire chère au très regretté Michel TERRASSE, le petit-neveu de Pierre Bonnard, sans qui ce Musée n’aurait sans doute pas pu voir le jour. Bonnard n’était jamais satisfait de son œuvre. Il y apportait sans cesse des corrections. Lors d’un accrochage au Musée du Luxembourg, un tableau de Bonnard était exposé. Bonnard voulait malgré tout y apporter une nuance de vert sur un feuillage. Il avait demandé à Vuillard de faire le guet pendant qu’il retouchait son œuvre. Vuillard oublia la consigne, et Pierre Bonnard se fit mettre la main au collet par le gardien et le conservateur du Musée. La seule réaction de Pierre Bonnard fût de dire : « Vous savez, un tableau, n’est jamais fini ! ».
Cette histoire nous en dit tellement sur Pierre Bonnard. Sa modestie, sa simplicité, et son doute permanent face à l’immensité de son œuvre. Mais nous y voyons aussi la complicité qu’il entretenait avec Edouard Vuillard, son confident, qui a partagé tant d’heures de sa vie. Alors, en ce jour où nous célébrons le plus illustre des Cannettans, nul doute que Pierre Bonnard serait heureux de voir que dans cet écrin qui lui est dédié, son souvenir est aujourd’hui si joliment associé à celui qu’il appelait, tendrement, son frère.